Entre les nouvelles saisons de « Fargo » et de « True Detective », c’est l’une des séries les plus attendues de ce mois de janvier. Après avoir séduit les États-Unis cet automne (moins les grandes récompenses qui ont salué à l’unanimité « Succession »), « Fellow Travelers » sort sur Canal+ à partir de ce jeudi 18 janvier – et à raison de deux épisodes par soirée. Basée sur le livre de Thomas Mallon sorti en 2007, l’adaptation signée Ron Nyswaner (au scénario du film oscarisé « Philadelphia »), devrait plaire aux amateurs.rices de thrillers, comme d’histoires d’amour. Rarement une série, si importante sur le fond, aura aussi bien rassemblé ces ingrédients. On vous explique pourquoi il ne faudrait surtout pas la louper.

À lire aussi >>>  Les 14 séries préférées de la rédac à binge-watcher pendant les vacances

Pour le duo Matt Bomer-Jonathan Bailey  

Pourquoi choisit-on de lancer une série ? Parce qu’on en a entendu du bien, pour son scénario… ou son casting. Jackpot pour « Fellow Travelers », qui réunit pour la première fois deux acteurs (tous les deux ouvertement gays) qui, une fois sur nos écrans, paraissaient destinés à jouer ensemble. D’un côté, Matt Bomer, figure connue des séries aux États-Unis. À 46 ans a notamment été le visage de « FBI : Duo très spécial » (2009-2014), puis de la saison 5 d’ « American Horror Story ». Au début des années 50, l’Américain incarne Hawkins (surnommé Hawk) Fuller, un ancien soldat, occupant désormais un poste important dans l’administration publique. Il est à l’aise en soirée mondaine, a une ambition sans limite, veut servir l’État tout en charmant les hommes croisant son chemin, mais sans jamais révéler son homosexualité. Face à lui, Tim Laughlin, catholique pratiquant (se rêvant brièvement prêtre), engagé en politique, mais plutôt proche de l’activisme (il le deviendra) est bien différent. Jonathan Bailey, dont la popularité a explosé dès la première saison de « La Chronique des Bridgerton » (où il joue le duc Anthony Bridgerton) l’incarne à merveille. Le comédien anglais de 35 ans a troqué son costume de la fin du XIXe siècle pour une paire de lunettes et un trois pièces façon années 50. Dès leur première rencontre à l’écran, dans une soirée électorale en 1952, l’alchimie est indéniable – et semble s’être transformé en amitié dans la vraie vie. Sur la scène des Critics Choice Awards, le 14 janvier, Jonathan Bailey, récompensé pour ce rôle, a partagé la statuette avec sa co-star. Si toute la lumière est portée sur ce duo masculin, on se réjouit également de revoir à l’écran Alison Williams, alias Marnie de la série HBO « Girls » (aussi dans le film « Nope »), dans le rôle de l’épouse d’Hawkins.

Pour son fil rouge politique  

Si vous aviez aimé « House of Cards » ou « Scandal », « Fellow Travelers » vous emmènera aussi dans l’arène politique américaine, mais à une tout autre époque. Tout commence en pleine Guerre froide, en 1952, sous le règne du mccarthysme et de la « peur rouge ». Si le mot d’ordre était la chasse aux communistes, l’autre, moins enseigné à l’école, était la persécution contre les personnes LGBT – appelées « personne déviantes » dans la série -, la « peur violette ». La peine était évidemment double pour les personnes noires et homosexuelles, mis en scène par deux personnages secondaires dans le show. La vie de tous les membres de l’appareil d’Etat est passée au crible, chaque soupçon d’homosexualité menant à un interrogatoire, puis à un renvoi. « Fellow Travelers » évoque justement l’impact du sénateur McCarthy, pour lequel travaille Hawk, sur ces destins. En laissant de côté certaines évènements phares des années 60 et 70 (l’assassinat de Kennedy n’est pas évoqué, mais la guerre au Vietnam est centrale), la dernière partie de la série, située dans les années 80, traite la manière dont le gouvernement a abandonné les personnes atteintes du VIH (comme le personnage de Tim). Deux tristes décennies de l’histoire américaine, dont la fiction s’était encore peu emparée. 

Pour une histoire d’amour impossible (et la tension sexuelle qui va avec) 

Hawk et Tim sont totalement différents, et c’est évidemment ce qui fait la puissance de leur histoire. Il suffira d’une rencontre de quelques minutes pour sceller un destin de près de 35 ans. Les histoires d’amour impossibles se comptent par centaines sur le petit et le grand écran, certes, et pourtant, tout fonctionne. Avec un côté mélodrame assumé, « Fellow Travelers » montre deux chemins de vie différents. D’abord, celui d’Hawk, qui a choisi d’épouser une femme de bonne famille, d’avoir des enfants, et de cacher son homosexualité en multipliant les aventures. De l’autre, Tim, qui n’a jamais été en couple avec une femme, a assumé son homosexualité en la cachant d’abord, puis en la vivant au grand jour avant d’être fauché par le sida. Si le choix de vie de l’un et les mœurs de l’époque les ont empêchés de vivre une histoire publique, les deux hommes n’ont jamais perdu le lien qui les unissait (sous le regard de l’épouse d’Hawk). Ce dernier ira d’ailleurs à son chevet à San Francisco, en 1986, pour lui dire adieu (sans spoilers, il s’agit juste des toutes premières minutes de la série). Les tirades amoureuses sont nombreuses (dont certaines très belles déclarations), mais ici, l’histoire interdite se passe aussi du côté de la chambre à coucher. Les scènes de sexe sont très nombreuses (quasiment dans chaque épisode), toujours torrides et très réelles (merci à la coordinatrice d’intimité), et de plus en plus à l’approche des années 70 et de l’hédonisme planant sur cette période. On parie que certain.e.s ne les oublieront pas. 

5989896

« Fellow Travelers ». Huit épisodes de 52 minutes. Sur Canal+ à partir du 18 janvier.